Qu’est-ce que l’approche systémique en psychologie ?

Imaginez un carrefour animé de Tokyo, le célèbre carrefour de Shibuya : des milliers de personnes se croisent, s’arrêtent, reprennent leur chemin dans une chorégraphie complexe et synchronisée. Ce ballet humain, où chaque mouvement influence le suivant, est un exemple vivant d’un système social en pleine régulation. De la même manière, dans notre quotidien, qu’il s’agisse de la famille, du travail ou d’un groupe d’amis, nous évoluons au sein de systèmes interconnectés. Comprendre ces interactions est l’ambition première de l’approche systémique en psychologie. Loin des visions centrées sur l’individu isolé, cette perspective invite à observer les réseaux relationnels dans leur dynamique, leurs équilibres, mais aussi leurs tensions, pour mieux saisir les mécanismes sous-jacents à nos comportements.
Loin des simplifications à la mode, adopter une posture systémique demande un réel effort conceptuel. Mais ce dépouillement intellectuel est aussi ce qui permet de naviguer avec nuance dans les complexités des liens humains. Qu’il s’agisse des tensions qui naissent au sein d’une équipe comme chez Capgemini, des interactions intrafamiliales d’un couple ou des groupes qui se forment dans un service comme celui de Renault, la systémique offre une lentille essentielle, permettant d’éclairer le fonctionnement en réseau des éléments qui composent un tout vivant, autant fragile que puissant.
Table des matières
- 1 Les fondements essentiels de l’approche systémique en psychologie
- 2 Définir ce qu’est un système dans le cadre de la psychologie systémique
- 3 Les limites d’un système et leur importance en psychologie
- 4 Le fonctionnement des systèmes humains et leurs dynamiques internes
- 5 Comprendre les mécanismes de régulation : rétroactions positives et négatives
- 6 Les applications concrètes de l’approche systémique en psychologie
- 7 Quelques limites et critiques de l’approche systémique en psychologie
- 8 Perspectives pour approfondir la compréhension systémique en psychologie
- 9 FAQ sur l’approche systémique en psychologie
Les fondements essentiels de l’approche systémique en psychologie
L’approche systémique fait face à un défi majeur : comment comprendre les individus au-delà de leur unicité en tenant compte de leur environnement relationnel. C’est une invitation méthodologique à replacer l’individu dans un contexte global, un tout interconnecté.
Cette perspective repose sur plusieurs piliers incontournables :
- Interconnexion : chaque membre d’un système influence et est influencé par les autres. Le comportement d’un individu ne peut être décortiqué sans penser aux nombreux échanges, formels ou informels, qui se tissent autour.
- Complexité : les systèmes humains ne réagissent pas simplement comme l’addition de leurs parties. Leur dynamique est une structure mouvante, souvent imprévisible, rendant vain toute analyse partielle.
- Holisme : le système est un tout qui transcende la somme de ses éléments, mettant l’accent sur les relations plus que sur les composantes isolées.
- Rétroaction : les actions dans le système provoquent des réactions en chaîne, créant un cycle où les comportements s’ajustent constamment aux retours en provenance du groupe lui-même ou de son environnement.
Par exemple, dans une entreprise comme Danone, une modification du mode de communication entre départements peut générer un effet boule de neige, transformant la culture d’entreprise. À la lumière de ces notions, on comprend que chaque changement, même minime, peut rejaillir de façon imprévue dans tout l’ensemble.

Définir ce qu’est un système dans le cadre de la psychologie systémique
Un système, dans la pensée systémique, est plus qu’un simple regroupement. C’est un ensemble d’éléments en interaction qui forment un tout fonctionnel. Ces éléments peuvent être des personnes, des groupes, ou même des institutions.
On peut s’appuyer sur la figure imaginaire de Quentin Milot, un directeur des ressources humaines, pour illustrer ces dynamiques : Quentin évolue dans plusieurs systèmes simultanément — son entreprise, sa famille, son club de handball, son école où il enseigne. Chacun de ces contextes fonctionne selon ses propres règles et sous-systèmes, mais tous agissent sur lui et se transforment à son contact.
- Au sein de son entreprise, plusieurs équipes coexistent avec des interactions parfois complexes entre services.
- Au sein de sa famille, chaque membre joue un rôle spécifique, créant une toile de relations qui impacte profondément les comportements.
- Dans son club sportif, les dynamiques sont à la fois collectives et individuelles, avec des sous-systèmes distincts comme les entraîneurs, les joueurs et les supporters.
Ces différents systèmes sont à la fois autonomes et imbriqués; les frontières entre eux sont mouvantes—parfois bien définies, parfois floues. L’approche systémique invite à s’interroger sur ces limites, et à ne pas sous-estimer les influences mutuelles existantes entre les différents niveaux relationnels.
Les limites d’un système et leur importance en psychologie
La notion de limites dans un système n’est pas simplement une question géographique ou administrative. Elle symbolise plutôt les frontières entre un système et son environnement, lesquelles sont souvent poreuses et fluctuantes.
En psychologie, cette idée est essentielle car elle permet de délimiter les interactions à observer sans perdre la perspective globale. Par exemple, un conflit dans un service chez L’Oréal ne peut être entièrement compris sans analyser les échanges avec d’autres services, ou même des influences externes telles que les fournisseurs ou les partenaires.
- Ces limites définissent l’ensemble des éléments pertinents à prendre en compte selon l’objectif d’analyse ou de changement.
- Elles permettent d’identifier les éléments de l’environnement qui, bien que non directement intégrés au système, détiennent un pouvoir d’influence notable.
- La distinction entre pouvoir formel et réel est ici cruciale : un directeur financier peut exercer un contrôle réel sur une décision même s’il ne fait pas partie du service concerné.
Une étude approfondie des limites, donc, éclaire bien souvent la source cachée des tensions ou des blocages ressentis. Observer ces frontières dans leur complexité est une tâche incontournable, à la fois psychologique et sociale.

Le fonctionnement des systèmes humains et leurs dynamiques internes
Un système vivant se caractérise par ses échanges continus d’informations, d’énergie et de ressources. Ces flux traversent les éléments du système, reliant les individus dans une interaction permanente.
Dans les organisations comme Bayer ou Société Générale, ces échanges ne sont pas que professionnels : ils sont aussi porteurs de valeurs, d’émotions et de dimensions symboliques qui influencent la cohérence et la performance collective.
- Flux de matière et d’information : échanges documentaires, transmissions orales, usages numériques.
- Centres de décision : individus ou groupes qui orientent et influencent les flux, en tenant compte des règles formelles ou informelles.
- Règles et normes : explicites ou implicites, elles structurent le fonctionnement en donnant cadre et limites aux interactions.
- Mécanismes de régulation : avertissements, contrôles ou négociations pour maintenir ou réajuster la cohérence du système.
Chaque élément agit en cohérence avec d’autres, formant un réseau complexe. Par l’analyse systémique, on révèle ainsi comment les comportements que l’on croyait individuels prennent sens dans un tissage relationnel souvent passé inaperçu.
Comprendre les mécanismes de régulation : rétroactions positives et négatives
Essentiels au maintien de l’équilibre, les systèmes utilisent des mécanismes de régulation appelés rétroactions. Ces processus ajustent en continu le fonctionnement en réponse aux variations observées.
Deux types de rétroactions sont identifiables :
- Rétroaction négative : elle corrige les écarts pour revenir à la norme, stabilisant ainsi le système. Par exemple, un manager qui ramène un projet déviant vers les objectifs initiaux exerce une rétroaction de ce type.
- Rétroaction positive : elle amplifie une variation, engendrant un changement ou une transformation. La décision d’élargir une gamme de produits chez Decathlon, en réponse à une nouvelle demande, est un exemple de rétroaction positive favorisante l’innovation.
La finesse de cette analyse montre qu’une même action peut représenter des effets différents selon le niveau d’observation, le contexte et les objectifs. Ce qui est « positif » à un niveau peut être perçu comme « négatif » à un autre. Cette relativité invite à une prudence dans toute interprétation et souligne la richesse de la méthode systémique dans l’appréhension des conflits et des évolutions.

Les applications concrètes de l’approche systémique en psychologie
L’approche systémique se déploie dans divers domaines, offrant des perspectives enrichissantes pour décrypter et transformer des situations complexes :
- Thérapie familiale : elle permet de comprendre les interactions et les comportements au sein du groupe familial, en tenant compte des rôles, des secrets et des alliances souvent invisibles.
- Thérapie de couple : les interactions entre partenaires sont explorées pour identifier les schémas répétitifs ou destructeurs, ouvrant la voie à un dialogue renouvelé.
- Groupes et organisations : au sein d’entreprises comme Air France ou Nestlé, la systémique aide à saisir les réseaux de pouvoir, les résistances au changement, et à promouvoir une meilleure communication.
- Développement personnel : en invitant la personne à explorer sa position dans ses différents systèmes relationnels, elle favorise la lucidité et l’évolution en conscience dans des domaines multiples.
Pour approfondir les différentes formes de thérapie, y compris systémiques, on peut consulter ce dossier complet. L’interconnexion entre psychologie et dynamique familiale est également détaillée dans cet article riche.
Quelques limites et critiques de l’approche systémique en psychologie
Comme toute théorisation et approche clinique, la systémique n’est pas sans limites :
- Réduction de l’individualité : en privilégiant l’analyse des interactions, elle peut occulter les singularités et vécus personnels essentiels de certains patients.
- Complexité difficile à appréhender : la systémique nécessite un effort intellectuel soutenu, parfois inaccessible sans formation approfondie.
- Risques d’interprétations multiples : la richesse du modèle peut également mener à une dilution des responsabilités, rendant délicate la définition d’axes clairs de travail thérapeutique.
Cependant, ces critiques sont souvent balayées par les bénéfices obtenus quand cette approche est intégrée avec rigueur dans un cadre clinique global et respectueux. En ce sens, elle complète de manière précieuse d’autres courants comme la psychanalyse ou la psychologie cognitive, offrant un éclairage holistique et pragmatique sur les relations humaines, un peu comme le ferait un chef d’orchestre face à une partition complexe.
Pour s’informer sur les différents courants et pratiques psychologiques, cette ressource détaillée offre un panorama utile et pédagogique.
Perspectives pour approfondir la compréhension systémique en psychologie
Le chemin pour maîtriser l’approche systémique passe par un travail continu de formation et de pratique. Plusieurs points méritent une attention particulière :
- Explorer la nature des interactions humaines par des ateliers pratiques et des formations spécialisées.
- Intégrer les notions de dynamique familiale en lien avec les problématiques contemporaines comme les changements de structures familiales ou les enjeux de la parentalité.
- Approfondir la compréhension des mécanismes de pouvoir et d’influence dans les organisations complexes, telles que chez Louis Vuitton ou Decathlon.
- Analyser comment les dynamiques systémiques se répercutent dans la résolution de conflits, thématique qui trouve écho dans les articles sur la résolution des conflits.
- Travailler sur la capacité d’écoute au sein des groupes pour mieux appréhender les signaux faibles relayés par les interactions, favorisant ainsi une communication plus authentique et efficace.
Ces pistes permettent de faire vivre la systémique, non seulement comme un modèle théorique, mais surtout comme une approche pragmatique pour accompagner le changement, aiguiller les thérapeutes et renforcer la compréhension des individus dans leur multiplicité relationnelle.
FAQ sur l’approche systémique en psychologie
- Qu’est-ce que l’approche systémique en psychologie ?
C’est une méthode qui se concentre sur les relations et les interactions au sein des groupes, plutôt que sur les individus isolés, pour mieux comprendre les comportements et les processus psychiques.
- Comment cette approche se distingue-t-elle des autres thérapies ?
Elle explore l’ensemble des relations entre les membres d’un système et leur influence mutuelle, contrairement à d’autres méthodes centrées sur l’individu ou ses cognitions.
- Quels sont les principaux avantages de cette approche ?
Elle offre une vision globale qui intègre le contexte, facilite la résolution de conflits et encourage l’évolution personnelle dans un cadre relationnel élargi.
- Peut-on appliquer la systémique en thérapie individuelle ?
Oui, même si l’approche privilégie souvent les interactions, il est possible en séances individuelles d’analyser la place de la personne dans ses systèmes et les impacts relationnels.
- Cette approche est-elle adaptée à tous les profils ?
Elle est particulièrement utile pour ceux qui souhaitent explorer leurs dynamiques relationnelles, mais peut ne pas convenir dans certains cas où l’accent doit être mis sur des problématiques individuelles très spécifiques.