découvrir l’EMDR : une approche innovante pour surmonter les traumatismes

Les traumatismes, qu’ils soient causés par des événements violents, des pertes, ou des expériences douloureuses que l’esprit peine à intégrer, laissent souvent des traces invisibles mais profondes dans notre psyché et notre corps. Face à cette empreinte lourde du passé, l’EMDR — Eye Movement Desensitization and Reprocessing — s’impose comme une méthode novatrice et validée scientifiquement, proposant un chemin pour retraiter ces mémoires perturbantes. Reconnue notamment par l’Organisation mondiale de la santé et la Haute Autorité de santé, cette thérapie s’appuie sur un mécanisme sensoriel bi-alterné qui déclenche un processus naturel de guérison psychique souvent bloqué après un choc traumatique. Très utilisée dans le traitement du stress post-traumatique, l’EMDR élargit également son champ à plusieurs troubles émotionnels et psychiques liés à des événements difficiles, apportant un apaisement durable quand d’autres approches peinent à atteindre les racines profondes du mal-être.
Table des matières
- 1 Comprendre la thérapie EMDR : origine et principes fondamentaux
- 2 Fonctionnement neuropsychologique de l’EMDR : derrière les mouvements oculaires
- 3 L’EMDR face au trouble de stress post-traumatique : efficacité reconnue et limites
- 4 Au-delà du TSPT : troubles et pathologies traités par la thérapie EMDR
- 5 Les étapes d’une séance EMDR : déroulement et objectifs
- 6 Modulation de la durée et du suivi : un ajustement individuel
- 7 Critères pour choisir un praticien EMDR : vigilance et reconnaissance
Comprendre la thérapie EMDR : origine et principes fondamentaux
L’EMDR, ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, est née dans les années 1980, portée par les travaux de Francine Shapiro. À l’origine, une observation empirique : les mouvements oculaires rapides, similaires à ceux qui se produisent pendant le sommeil paradoxal, pouvaient contenir un potentiel thérapeutique pour traiter des souvenirs traumatiques. Cette technique de stimulation sensorielle bi-alternée est aujourd’hui reconnue sur le plan international pour son efficacité validée dans plusieurs recommandations de santé officielles, notamment en France via EMDR France et son intégration dans les cursus d’organismes comme l’Institut français d’EMDR (IFEMDR).
Le principe fondamental est d’activer le système de traitement naturel de nos expériences mémorielles. Le psychisme humain, face à un choc soudain, suspendrait parfois le traitement des informations liées, laissant apparaître une “cicatrice” émotionnelle, source de symptômes invalidants. L’EMDR vise à dépasser ce blocage grâce à des stimulations bilatérales qui alternent entre la droite et la gauche du corps, telles que des mouvements oculaires, des sons alternés, ou des tapotements, selon les modalités adaptées à chaque patient. Cette alternance sensorielle permettrait de réactiver un mécanisme cérébral complexe qui dénoue les liens pathologiques et permet aux souvenirs traumatiques d’être retraités et intégrés différemment.
Parmi les nombreux professionnels fortement impliqués dans le développement et la réglementation de cette approche, on trouve l’Association EMDR Europe, qui garantit un haut niveau de formation et de supervision des praticiens. En France, des établissements reconnus tels que le Centre Pierre Janet assurent une diffusion rigoureuse et humaniste des savoirs autour de ce dispositif thérapeutique.
- Formation rigoureuse : les thérapeutes doivent être psychologues, psychiatres ou psychothérapeutes diplômés d’État et certifiés par des instances telles que EMDR France.
- Reconnaissance officielle : l’HAS recommande l’EMDR dans la prise en charge du trouble de stress post-traumatique (TSPT).
- Processus naturel réactivé : la stimulation bilatérale mimant des processus cérébraux physiologiques.
- Variété des stimulations : oculaires, auditives (casque sonore), tactiles (buzzers, tapotements).

Fonctionnement neuropsychologique de l’EMDR : derrière les mouvements oculaires
La compréhension des effets de l’EMDR sur le cerveau a fait l’objet de nombreux travaux de recherche en neurosciences et psychologie cognitive. Alors que les traumatismes non intégrés peuvent engendrer des réactions physiologiques envahissantes comme l’hypervigilance, les flashbacks ou les ruminations, l’EMDR agit en mobilisant un circuit neuronal permettant de retraiter ces expériences de manière plus adaptative.
La stimulation bilatérale provoquée par les mouvements oculaires ou les autres stimuli sensoriels semble favoriser la communication interhémisphérique. Cette activation synchronisée pourrait ainsi faciliter la réorganisation des réseaux neuronaux impliqués dans le traitement de la mémoire émotionnelle. C’est un processus que le cerveau utilise naturellement pendant les phases du sommeil paradoxal, réputé indispensable à la consolidation des souvenirs et à la résolution des émotions négatives associées.
Concrètement, le thérapeute invite le patient à se focaliser sur un souvenir traumatique précis ainsi que les sensations corporelles et les émotions qui lui sont rattachées. Pendant ce temps, la stimulation alternée encourage le cerveau à “digérer” ce souvenir en le rendant moins envahissant et chargé émotionnellement. Ce mécanisme aide aussi à défaire le lien entre le souvenir et une réponse émotionnelle inadaptée.
En cabinet, il est observé que l’EMDR s’inscrit dans un cadre thérapeutique bienveillant et sécurisant, condition nécessaire à l’activation optimale de ces mécanismes. Le patient reste pleinement conscient tout au long des séances, ce qui lui permet d’explorer son vécu à mesure que la charge traumatique se dissipe. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas d’une hypnose ou d’un état modifié de conscience, mais bien d’un travail psychique actif grâce à un processus naturel encadré.
- Activation interhémisphérique : meilleure communication entre hémisphères cérébraux.
- Mobilisation des circuits de la mémoire : retraitement adaptatif des souvenirs.
- Réduction des réponses émotionnelles : diminution de l’intensité des symptômes.
- Conscience et présence : patient pleinement engagé dans le travail thérapeutique.
L’EMDR face au trouble de stress post-traumatique : efficacité reconnue et limites
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est une des indications principales pour lesquelles la thérapie EMDR est recommandée par l’Organisation mondiale de la santé et par la Haute Autorité de santé. Ce trouble se manifeste à la suite d’un événement qui bouleverse profondément l’équilibre psychique, comme une agression, un accident, un drame, ou une situation de violence prolongée. Les symptômes associés incluent un hyperétat d’alerte, des cauchemars, des flashbacks, des troubles du sommeil et des perturbations émotionnelles récurrentes.
L’apport de l’EMDR dans ce contexte est de permettre au patient de retraiter le traumatisme à son rythme, en revisitant chaque souvenir perturbant grâce à la stimulation sensorielle adaptée. En cabinet, l’expérience clinique montre que si les traumatismes récents peuvent souvent se résoudre en quelques séances, les traumatismes anciens, complexes ou répétitifs nécessitent un accompagnement plus long et structuré. L’accompagnement passe alors aussi par l’apport d’outils psychocorporels qui favorisent la régulation émotionnelle entre les séances.
Cependant, bien que l’EMDR s’avère puissante et utile, elle ne se présente pas comme une solution miracle. Certains patients peuvent ressentir un surcroît d’intensité émotionnelle pendant ou après certaines séances, ce qui invite à une supervision attentive et à une posture thérapeutique ajustée. Ces réactions ne signifient pas un échec, mais reflètent la complexité du travail de désensibilisation.
Par ailleurs, l’intégration des techniques EMDR est régulièrement enrichie par des travaux de recherche et retours d’expérience, notamment par des organismes de référence comme Psynapse ou PsyFrance, qui contribuent au débat scientifique et à la formation des praticiens.
- Indication principale : prise en charge du trouble de stress post-traumatique.
- Durée variable : quelques séances pour traumatismes simples, plusieurs dizaines pour traumatismes complexes.
- Suivi personnalisé : adaptation selon la capacité de régulation du patient.
- Pas une panacée : nécessite une posture clinique rigoureuse.

Au-delà du TSPT : troubles et pathologies traités par la thérapie EMDR
La reconnaissance officielle de l’EMDR dans le traitement des traumatismes a ouvert la voie à une exploration plus large de ses applications dans la sphère psychique. Par exemple, des troubles fréquemment rencontrés en consultation comme les troubles anxieux, les phobies, les attaques de panique ou certains troubles du comportement alimentaire peuvent devenir accessibles au travail par EMDR lorsque des souvenirs à l’origine de leur émergence sont identifiés.
Les symptômes physiques liés au psychotraumatisme, tels que les douleurs chroniques, les troubles du sommeil, ou certaines formes de somatisation, trouvent également une réponse dans cette approche. Sur des plateformes de référence comme Therapeutes.com ou Psychologies.com, les témoignages appuient souvent l’impact positif de l’EMDR sur la diminution de ces manifestations corporelles liées aux tensions émotionnelles.
En outre, l’EMDR peut intervenir dans des problématiques telles que la dépendance affective, une thématique intrinsèquement liée à des blessures précoces et des traumatismes émotionnels. Les patients explorent alors, grâce à la méthode, des schémas répétitifs enracinés dans le passé, facilitant ainsi un travail psychologique profond et transformationnel.
Il est important de noter qu’en dépit des succès, l’EMDR nécessite une écoute attentive des besoins, un rythme ajusté et le développement d’outils complémentaires, comme ceux évoqués dans le parcours de prise en charge de la thalassophobie ou de la tristesse pathologique. Cette approche holistique offre un cadre de travail où chaque symptôme, qu’il soit somatique ou psychique, trouve sa place et son traitement adapté.
- Phobies et attaques paniques : retraitement des peurs enracinées.
- Dépendances affectives : exploration des blessures relationnelles profondes.
- Somatisations : atténuation des tensions corporelles liées aux émotions.
- Troubles anxieux : diminution des ruminations et états d’alerte.
Les étapes d’une séance EMDR : déroulement et objectifs
Pour qu’une séance d’EMDR soit efficace, un protocole structuré est suivi par le thérapeute et le patient. Avant tout, des entretiens préparatoires sont essentiels pour construire un cadre sécurisant, définir les objectifs, et mettre en place des outils de régulation émotionnelle permettant au patient de rester ancré durant le processus. Ces séances préliminaires sont cruciales, elles engagent la relation thérapeutique et la compréhension individuelle des problématiques ciblées.
Chaque séance de retraitement débute par l’identification d’un souvenir traumatique ou perturbant spécifique. Le patient est invité à se concentrer sur les images, les sensations physiques, les émotions, ainsi que les pensées négatives associées à ce souvenir. Le thérapeute initie alors des stimulations bilatérales — mouvements oculaires, sons ou tapotements — en séries.
Au fil des séquences, le patient partage spontanément ce qui lui vient en tête, qu’il s’agisse d’émotions, de sensations ou de nouvelles perspectives. Ce dialogue fluide permet au thérapeute d’ajuster la prise en charge et de guider le processus vers une résolution progressive de la souffrance associée. À mesure que le travail avance, le souvenir perd sa charge émotionnelle, devient neutre, avant qu’un travail de renforcement cognitif positif ne soit mené pour ancrer une nouvelle vision pacifiée.
Le nombre de séances varie selon les cas : un traumatisme isolé peut nécessiter une poignée de rencontres, alors que des blessures plus anciennes et complexes demandent un engagement thérapeutique plus long. Ce rythme privilégié empêche la désorganisation et maintient une stabilité psychique fondée sur des outils de sécurité émotionnelle.
- Entretiens préparatoires : évaluation et alliance thérapeutique.
- Identification du souvenir ciblé : détails sensoriels et émotionnels.
- Stimulations bilatérales : mouvements oculaires, sons, tapotements.
- Partage spontané : verbalisation des ressentis et pensées.
- Renforcement positif : ancrage d’une nouvelle représentation du souvenir.

Modulation de la durée et du suivi : un ajustement individuel
Le temps consacré à une thérapie EMDR dépend fortement de la nature du traumatisme et de la capacité du patient à réguler ses émotions pendant le traitement. Un suivi individualisé est donc indispensable, intégrant parfois des séances de stabilisation pour renforcer les ressources psychocorporelles.
Dans les traumatismes simples et récents, trois à six séances suffisent souvent à désensibiliser le souvenir et réduire les symptômes invalidants. Pour des traumatismes complexes ou anciens, un travail étalé sur plusieurs mois, parfois années, est souvent requis, avec un équilibre entre phases de retraitement et phases de stabilisation.
Sur le plan pratique, chaque séance dure en général entre 60 et 90 minutes. Le rythme peut être hebdomadaire ou bimensuel, adapté au rythme physiologique et émotionnel du patient. Par ailleurs, même si certains psychothérapeutes libéraux fixent librement leurs tarifs, il est important que le patient s’informe auprès des organismes et associations dédiés telles que IFEMDR pour connaitre les praticiens formés et reconnus. Dans certains cas, des séances pratiquées par des psychiatres hospitaliers peuvent bénéficier d’un remboursement auprès des assurances maladie, soulignant l’importance d’une prise en charge intégrée dans le système de santé.
- Séances de stabilisation : renforcement des ressources émotionnelles.
- Durée moyenne : 60 à 90 minutes par séance.
- Nombre variable : dépend de la complexité des traumatismes.
- Prise en charge : remboursement possible dans certains contextes cliniques.
Critères pour choisir un praticien EMDR : vigilance et reconnaissance
Face à la demande croissante pour une thérapie reconnue comme efficace dans le champ des traumatismes et troubles associés, il est essentiel d’opter pour un praticien dûment formé et certifié. La qualité et la rigueur de la formation sont au cœur de la réussite du suivi.
En France, les organismes tels que l’Institut français d’EMDR (IFEMDR) assurent une formation rigoureuse conforme aux standards internationaux définis par l’Association EMDR Europe. Un thérapeute qualifié est nécessairement psychologue, psychiatre ou psychothérapeute diplômé d’État, ayant suivi une formation spécifique EMDR reconnue.
Les plateformes comme Therapeutes.com ou PsyFrance recensent les praticiens certifiés et permettent une orientation fiable. Vérifier les diplômes et les certifications est indispensable pour éviter les dérives, notamment face à des praticiens qui se réclament d’EMDR sans formation adéquate.
- Certification officielle : reconnaissance par EMDR France ou EMDR Europe.
- Diplômes requis : psychologue, psychiatre ou psychothérapeute diplômé d’État.
- Recommandations : consultation des annuaires spécialisés.
- Vigilance : méfiance vis-à-vis des formations sans agrément.

FAQ sur la thérapie EMDR et le traitement des traumatismes
- Qu’est-ce que l’EMDR ?
L’EMDR est une thérapie utilisant des stimulations alternatives des deux côtés du corps pour aider à retraiter des souvenirs traumatiques et réduire leur impact émotionnel. - Quels troubles peut-on traiter avec l’EMDR ?
Principalement le trouble de stress post-traumatique, mais aussi les phobies, les troubles anxieux, les attaques de panique, les dépendances affectives et les troubles somatiques liés à un traumatisme. - Combien de séances sont nécessaires ?
Cela varie grandement selon la nature du traumatisme, allant de quelques séances pour un traumatisme simple à plusieurs dizaines pour des blessures anciennes ou complexes. - La thérapie est-elle douloureuse ou difficile ?
L’EMDR peut réveiller des émotions fortes, mais le thérapeute accompagne le patient pour stabiliser et sécuriser le processus. C’est un travail graduel et adapté à chaque personne. - Comment trouver un bon thérapeute EMDR ?
Il faut privilégier les praticiens certifiés par des organismes reconnus tels qu’EMDR France ou l’Association EMDR Europe, et vérifier leur cursus sur des plateformes spécialisées.